‘Umar Ibn Al-khattab: L’équitable (Partie 4)
‘Umar Ibn Al-Khattâb qu’Allah l’agréé était un un homme pas comme les autres: fort, juste, équitable, pieux et érudit.
Il a structuré l’empire de l’Islam et l’a fortifié.
Sa fin de vie démontre tout la clairvoyance qui était la sienne.
La fin du califat de ‘Umar
La promesse prophétique
‘Umar Ibn Al-Khattâb savait qu’il allait mourir en martyr et qu’il est promis au paradis car le prophète Muhammad (SAWS) le lui avait annoncé:
Un jour le Prophète (ﷺ) monta sur la montagne d'Uhud et il était accompagné d'Abu Bakr, `Umar et `Uthman. La montagne trembla sous eux. Le Prophète (SAWS) l'a frappé avec son pied et a dit: "O Uhud! Soit ferme, car sur toi il n'y a qu'un Prophète, un Seddîq et deux martyrs.” Rapporté par Al-Bukhâri 3686
Abou Musa Al-Ach`ari qu’Allah l’agrée nous décrit également scène une schene: “J'ai fait mes ablutions dans ma maison, puis je suis sorti et je me suis dit: "Aujourd'hui, je m'en tiendrai au Messager d'Allah (ﷺ) et je resterai avec lui toute ma journée (à son service)."
Je suis allé à la mosquée et j'ai posé des questions sur le Prophète. Ils ont dit : “ Il était allé dans cette direction”.
J'ai donc suivi son chemin, demandant de ses nouvelles jusqu'à ce qu'il entre dans un endroit appelé Bir Aris. Je me suis assis à sa porte qui était faite de feuilles de palmier dattier jusqu'à ce que le Prophète (SAWS) ait fini de répondre à l'appel de la nature et ait fait ses ablutions. Puis je me suis approché de lui pour le voir assis au puits d'Aris au milieu de son rebord, les jambes découvertes, pendu dans le puits. Je l'ai salué et je suis retourné m'asseoir à la porte. Je me suis dit: "Aujourd'hui, je serai le gardien du Prophète."
Abou Bakr est venu et a poussé la porte. J'ai demandé: "Qui est-ce?" Il a dit : “Abou Bakr”. Je lui ai dit d'attendre, je suis entré et j'ai dit: "Ô Messager d'Allah (SAWS)! Abu Bakr demande la permission d'entrer." Il a dit: "Faites-le entrer et annoncez-lui la bonne nouvelle qu'il sera au paradis."
Alors je suis sorti et j'ai dit à Abu Bakr: "Entrez, et le Messager d'Allah (SAWS) vous annonce la bonne nouvelle que vous serez au Paradis" Abou Bakr est entré et s'est assis à la droite du Messager d'Allah (SAWS) sur le bâti bord du puits et accrocha ses jambes au puits comme le fit le Prophète (SAWS) et découvrit ses jambes.
Je suis ensuite revenu et je me suis assis (à la porte). […] Soudain, quelqu'un a déplacé la porte. J'ai demandé: "Qui est-ce?" Il a dit: "`Umar Ibn Al-Khattâb." Je lui ai demandé d'attendre, je suis allé voir le Messager d'Allah (SAWS), je l'ai salué et j'ai dit: `Umar Ibn Al-Khattâb demande la permission d'entrer." Il a dit: "Faites-le entrer et annoncez-lui la bonne nouvelle qu'il sera dans Paradis." Je suis allé à `Umar et j'ai dit: "Entrez, et le Messager d'Allah (SAWS) vous donne la bonne nouvelle que vous serez au Paradis." Il entra donc et s'assit à côté du Messager d'Allah (SAWS) sur le bord construit du puits sur le côté gauche et suspendit ses jambes dans le puits.
Je suis revenu et me suis assis (à la porte) […] Quelqu'un est venu et a déplacé la porte. J'ai demandé "Qui est-ce?" Il a répondu: "‘Uthman ibn `Affane" Je lui ai demandé d'attendre et je suis allé voir le Prophète (SAWS) et je l'ai informé. Il a dit: "Faites-le entrer et annoncez-lui la bonne nouvelle d'entrer au paradis après une calamité qui l'atteindra. » Alors je m'approchai de lui et lui dis : « Entre, le messager d'Allah vous donne la bonne nouvelle d'entrer au paradis après une calamité qui vous arrivera”. ‘Uthman est alors entré et a constaté que le bord construit du puits était occupé, alors il s'est assis en face du Prophète (SAWS) de l'autre côté." Rapporté par Al-Bukhârî 3674 et Muslim 2403
Malgré la promesse de mourir en martyr, ‘Umar se posait des questions sur comment il allait mourir en martyr alors que la guerre se passait très loin de Médine, sans pour autant douter de la parole du prophète Muhammad (SAWS).
Les compagnons racontaient qu’ils faisait souvent des invocations dans ce sens :
Aslam a rapporté que `Umar a dit: “ Ô Allah! Accorde-moi le martyre dans ta cause, et que ma mort soit dans la ville de ton apôtre." Rapporté par Al-Bukhârï 1890
D’après Said ibn al-Musayyab : "Quand Umar ibn al-Khattab est venu de Mina, il a fait s'agenouiller son chameau à al-Abtah, puis il a rassemblé un tas de petites pierres et a jeté son manteau sur eux et tomba à terre. Puis il leva les mains vers le ciel et dit : "Ô Allah ! Je suis devenu vieux et ma force s'est affaiblie. Mes sujets se sont multipliés. Ramène-moi à toi sans manquement ni transgression de ma part ” […].
Said ibn al-Musayyab dit: “Dhu'l-Hijja n'était pas passé avant que 'Umar ne soit assassiné, qu'Allah lui fasse miséricorde.“ Rapporté par Imam Mâlik dans Al-Muwatta
L’Assassinat de ‘Umar
Allah exalté soit-il va exhausser les invocations de ‘Umar en mourant en martyre dans la ville prophétique Médine !
‘Umar n’autorisait pas les captifs non musulmans à entrer dans la ville du messager d’Allah jusqu’à qu’Al-Mughârah Ibn Chu’ba ne lui demande d’autoriser à un de ses captifs d’entrer dans la ville car il était un artisan forgeron, ébéniste et menuisier très doué et qu’il pourrait aider les gens avec ses connaissance. Il s’agissait d’un jeune zoroastrien (culte du feu) appelé Abou Lou-e-lou-a. Cet artisan avait le droit de travailler dans la ville en contrepartie d’une taxe.
Abou Lou-e-lou-a n’était pas content de la taxe qu’il devait payer, il partit donc se plaindre auprès de ‘Umar. Ce dernier lui fait comprendre que la taxe qu’il paie reste dérisoire par rapport à ses gains. La réponse de ‘Umar agaça Abou Lou-e-lou-a et le mit en rogne.
Quelques petits jours plus tard, le jeune forgeron fabriqua un couteau à deux têtes qu’il empoisonna et prit place dans un coin de la mosquée.
‘Umar, comme à son habitude, commença à réveiller les gens pour la prière matinale, puis dès qu’il s’approcha du jeune homme, ce dernier lui sauta dessus en le poignardant à trois reprises, à l’épaule, à la hanche et à l’abdomen au point de lui déchirer les entrailles. Ce dernier coup lui sera fatal quelque temps après.
En s’échappant, le jeune homme poignarda 12 autres hommes dont 6 vont succomber à leur blessures, avant d’être arrêté puis abattu.
‘Umar a été emporter à sa demeure pendant que Abd Ar-Rahmân Ibn ‘Awf s’occupa de guider les gens dans leur prière.
Le choix du 3ème calife
Pendant que tout le monde s’inquiète pour lui, entre les pleurs et les cris , ‘Umar continue de soucier du sort des musulmans et veut à tout pris leur éviter une discorde (fitna) pour sa succession.
Il désigna un groupe de six grands compagnons qui avaient la confiance du prophète Muhammad (SAWS), et leur demanda de se consulter et d’élire l’un d’eux comme le 3ème calife, et leur donna 3 jours pour cela. Pendant cette période Suhayb Ibn Sinan s’occupera de la prière.
Le comité d'élection se composait de:
‘Uthman Ibn ‘Affane
‘Ali Ibn Abi-Tâlib
Talha Ibn ‘Abd-Allah
Az-Zubayr Ibn Al-’Awwam
Abd Ar-Rahmân Ibn ‘Awf
Sa’d Ibn Abi Waqqâs
Et il a désigné son fils Abd Allah Ibn ‘Umar comme témoin et médiateur sans pour autant qu’il soit candidat. ‘Umar ne voulait pas que son fils soit élu uniquement pour l’amour et le respect que les gens lui consacraient. Il a préféré donc l’écarter totalement.
Le comité se réunit et Abd Ar'-Rahmân a pris les devants pour gérer la consultation.
Il demanda aux autres: “Qui d’entre vous abandonne cette course pour l’un de ses frères ?”
Az-Zubayr dit: “Je me retire et je choisi ‘Ali”
Sa’d dit: “Je me retire et je choisi Abd-Ar-Rahmân”
Talha dit: “Je me retire et je choisi ‘Uthmân”
Puis Abd Ar-Rahmân s’aderessa à ‘Uthmân et ‘Ali et dit : “Je me retire. Qui de vous deux fasse de même et choisi son frère ?”
‘Uthman et ‘Ali restèrent silencieux.
En remarquant leur silence, Abd Ar-Rahmân demanda: “Remettez-moi donc ce choix et je vous promet de choisir le meilleur d’entre vous”. ‘Uthman et ‘Ali ont accepté sa médiation.
Abd Ar-Rahmân roda dans les ruelles pendant trois jours en demandant aux habitants lequel des deux aimeraient-ils avoir comme calife. Ils demanda aux grands comme aux petits, aux hommes et femmes. C’était une sorte de referendum.
Puis il demanda à ‘Ali s'il accepterai son choix et qu’il serait fidèle au calife il va choisir. ‘Ali valida.
Puis il demanda la même chose à ‘Uthman. ‘Uthman valida également.
Enfin, Abd Ar-Rahmân réunit la population dans la mosquée et déclara avoir choisi ‘Uthman Ibn Affane comme calife. Il lui a fait le serment d’allégeance.
‘Ali se présenta également pour faire le serment, et s’en suit toutes les personnes présentes.
‘Uthman est devenu donc le 3ème successeur du prophète (SAWS) et le 3ème calife bien guidés.
L’enterrement
Avant de rejoindre son créateur ‘Umar émit le souhait d’être enterré à côté du prophète Muhammad (SAWS) son ami intime, sauf que SAWS était enterré dans la chambre de Oummouna Âicha qu’Allah l’agrée. Il lui envoya un messager lui demandant son autorisation pour qu’il soit enterré à côté de son bien aimé prophète Muhammad (SAWS) ainsi que son ami fidèle Abou Bakr.
D’après ‘Amr Ibn Maymoun qui décrit cette scène : […] Umar dit alors à `Abd-Allah (son fils) : « Va voir `Aicha (la mère des croyants) et dis : « `Umar te salue. Mais ne dis pas ‘Le chef des croyants’, car aujourd'hui je ne suis plus le chef des croyants. (c’est une requête et non pas un ordre) Et dis: " `Umar Ibn Al-Khattab demande la permission d'être enterré avec ses deux amis (c'est-à-dire le Prophète et Abu Bakr)."
‘Abd-Allah salua `Aicha (qu’Allah l’agrée) et lui demanda la permission d'entrer, puis entra vers elle et la trouva assise en pleurant. Il lui a dit: " `Umar Ibn Al-Khattab vous rend hommage et demande la permission d'être enterré avec ses deux amis." Elle a dit: "J'avais l'idée d'avoir cet endroit pour moi, mais aujourd'hui je préfère `Umar à moi-même."
Quand il revint, il fut dit (à `Umar) : "`Abd-Allah ibn `Umar est venu."
`Umar a dit: "Redressez-moi." Quelqu'un l'a soutenu contre son corps et `Umar a demandé (`Abd-Allah), "Quelles nouvelles as-tu ?"
Il a dit : "Ô chef des croyants ! Ta volonté est respectée. Elle a donné la permission."
`Umar a dit: "Louange à Allah, il n'y avait rien de plus important pour moi que cela. […] Rapporté par Al-Bukhârî 3700
‘Aicha qu’Allah l’agrée a raconté dans un hadith que depuis ce jour, elle n’a plus découvert ses cheveux chez elle par pudeur et par respect à ‘Umar Ibn Al-Khttâb.
‘Umar qu’Allah l’agrée était un homme par comme les autres, et un calife pas comme les autres.
Il avait une personnalité complexe, dur et doux à la fois, compréhensif et intransigeant à la fois, n’avait peur de personne, mais extrêmement craintif d’Allah exalté soit-il.
Il était un ami intime du prophète (SAWS) et son beau-père également
Il était un génie à tous les niveaux: politique, juridique, administratif, financier, militaire.
Il est le premier à avoir séparé le pouvoir politique, juridique et financier.
Il a transformé le petit état musulman en un empire en 10 ans tout en le stabilisant par ses décisions justes et bienveillantes.
Il avait le soucis de la justice et de l’équité. Il en était obnubilé.
Il a été tué par Abou Lou-e-lou-a, le seul captif non musulman à avoir été autorisé (par ‘Umar) d’entrer à Médine.
Même en rendant son dernier souffle, il resta lucide et fut tout ce qu’il est dans son possible pour mettre les musulmans à l’abri de discorde.