Salmân Al-Fârissî: Le Chercheur de la vérité
Salmân Al-Fârissî aussi connu par le titre de chercheur de vérité est l’un des plus emblématiques compagnons du prophète Muhammad (SAWS) et un de ceux qui ont marqué l’Histoire de l’Islam.
Un destin hors du commun pour un homme hors du commun raconté par lui même. Rapporté par Imam Ahmad 441/5 (24138), par Ibn Sa’d, par At-Tabarâni, par Ibn Hichâm, et d’autres
Une enfance Zoroastrienne
J'étais un homme persan du peuple d'Ispahan du peuple d'un village nommé Jiyya et mon père était le chef de son village, et j'était l'être le plus cher à son cœur, son amour pour moi était tel qu'il a fini par m'enfermer dans sa maison comme une servante de crainte pour moi.
Pendant ce temps là j’ai pris soin du feu, et j'ai travaillé dans le mage jusqu'à ce que je sois le gardien du feu qui l'allume ne le laisse pas faner pendant un instant.
Mon père possédait un grand domaine qui nous rapportait une récolte abondante et dont il prenait constamment soin et faisait la cueillette. Un jour, ayant été retenu par quelque affaire, il fut dans l'impossibilité de s'y rendre et s'adressa à moi en disant : "Ô mon fils! Comme tu le vois, je suis tout à fait absorbé et je ne peux pas m'occuper aujourd'hui du domaine. Vas-y donc et prends en soin à ma place". Je partis alors pour cette destination.
Alors je suis sorti en voulant son domaine, et je suis passé par l'une des églises chrétiennes et j'y ai entendu leurs voix pendant qu'ils priaient. Je ne connaissait rien du christianisme car j'était toujours enfermé chez moi, puis je sui rentré voir ce qu'ils font.
Les ayant contemplés, j'admirai leurs prières et eut une grande aptitude à embrasser leur religion. Je me dis : "Certes, cette foi est meilleure que la nôtre". Je restais auprès d'eux jusqu'au coucher du soleil en transgressant l'ordre paternel. Je leur posai alors la question : "Quelle est l'origine de cette religion?".
- "Elle provient d'Ach-Châm", répondirent-ils.
A la nuit tombante, je rentrai chez moi. Et mon père de me demander ce que j'avais fait.
J'ai répondu : "Père, je suis passé à côté de gens qui priaient dans une église pour eux, et j'ai aimé ce que j'ai vu de leur religion. Par Dieu, je suis resté avec eux jusqu'au coucher du soleil."
Il a dit: "Il n'y rien de bon dans cette religion, la religion de nos ancêtres est meilleure ?"
J'ai dit: Non, par Dieu. elle est meilleur que notre religion."
Mon père a pris peur que je n'abjure ma religion, il m'a donc enchainé les pieds et ensuite m'a emprisonné dans sa maison.
Je saisis une occurrence pour transmettre aux nazaréens : "Quand une caravane en destination pour Ach-Châm passait par vous, veuillez m'en tenir au courant". Peu de temps après, l'occasion devint propice. Je pus alors me délivrer de mes chaînes et je sortis en leur compagnie après m'être déguisé.
L’appel du Christianisme
Une fois arrivant à Ach-Châm, je demanda : "Qui est l'homme le plus savant de cette religion?".
- "L'archevêque placé à la tête de l'église", dirent ils.
J'allai le trouver et lui dis : "Je désire embrasser le christianisme et je voudrais bien rester auprès de vous à votre service pour que vous m'instruisiez dans la religion et que je fasse les prières, étant guidé par vous".
Il consentit à ma proposition et je me suis mis alors à son service.
Cependant, je ne tardai pas à constater qu'il était un mauvais homme. Il exhortait ses adeptes à la charité en leur faisant valoir sa rétribution immense. Et dès qu'ils lui faisaient l'aumône pour qu'il la dépense dans la voie de Allah, il s'en accaparait sans rien donner ni aux pauvres ni aux indigents, jusqu'à ce qu'il eût amassé de l'or à emplir sept jarres. Par conséquent, je l'exécrais de tout mon cœur. Peu de temps après, il meurt et quand les nazaréens s'étaient réunis pour procéder à son enterrement, je leur dis : "Cet homme était mauvais. Il vous ordonnait vivement de faire l'aumône et vous incitait incessamment à la charité et quand vous la lui faisiez, il la thésaurisait sans rien donner aux pauvres".
- "Comment vous le savez?!", dirent ils.
- "Je vais vous montrer le lieu où il a enfoui son trésor", dis-je.
- "Oui, montre-le-nous", répliquèrent ils.
Je leur désignai son emplacement d'où ils purent extraire sept jarres emplies d'or et d'argent. Les ayant vu, ils dirent : "Par Dieu! Nous ne l'enterrerons pas". Ils le crucifièrent et se mirent à lapider son cadavre.
Puis, ils désignèrent à son poste un autre homme auquel je m'attachais. Je n'ai jamais vu un homme plus ascète que lui, renonçant aux choses de ce monde et ne désirant que celles de l'au-delà. Il s'adonnait avec zèle aux dévotions jour et nuit. Je lui vouais donc un profond amour et je demeurais à ses côtés pendant une longue période.
Dans son lit de mort, je lui dis : "Ô untel! A qui me recommandez vous? Veuillez me conseiller. A qui devrais je m'attacher après ton décès?".
- "Ô mon fils! Je ne savais personne qui était de même discipline qu'un homme vivant à Mossoul qui s'appelait untel et qui n'avait jamais interpolé. Allez donc le rejoindre".
A la mort de mon compagnon, j'allai rejoindre l'homme du Mossoul, à qui je racontai mon histoire. L'ayant terminée, je lui dis : "Mon compagnon untel m'a conseillé, avant de mourir, de vous rejoindre et m'a informé que vous étiez encore attaché à la discipline vraie qu'il confessait".
- "Restez donc chez moi", telle fut sa réponse. Je me séjournai chez lui et je constatai qu'il était un homme bon.
Mais, peu après, il rendit le dernier soupir. A l'article de la mort, je lui demandai : "Ô untel! Par l'état que vous êtes par l'ordre de Allah, vous avez une parfaite connaissance de ma situation. A qui vous me recommandez ? Et qui m'ordonnez vous d'aller rejoindre?".
- "Ô mon fils! Par Dieu! Je ne savais personne qui était de même discipline que nous, excepté un homme vivant à Nasybîn qui s'appelait untel. Allez donc à sa rencontre".
Une fois qu'on fit enterrer l'homme, j'allai à la rencontre de l'homme de Nasybîn, à qui je racontai mon histoire et ce qui mon ex-ami m'avait commandé de faire.
- "Restez donc chez nous", dit-il. Je m'arrêtai donc chez lui et je découvris qu'il emboîtait le pas à ses autres ex-amis qui furent de conduite parfaite. Mais, il cessa de vivre peu de temps après et au moment de son agonie, je lui dis : "Vous connaissez toute mon histoire, à qui vous me recommandez donc?".
- "Ô mon fils! Par Dieu! Je ne savais personne qui professait encore la même discipline que nous, sauf un homme vivant à 'Amûriyya et qui s'appelait untel. Allez donc le rejoindre". Je m'acheminai donc vers celui-ci et je lui racontai mon histoire.
- "Restez donc chez moi", dit-il. Je me séjournai chez lui et je vis qu'il était homme de bien tels ses défunts compagnons. Chez lui, je pus faire fortune et j'eus quelques vaches et du butin.
Un certain laps de temps s'écoula et vint le moment de sa mort, je lui dis alors : "Vous connaissez toute mon histoire, à qui vous me recommandez donc et qu'est-ce que vous me commandez de faire?".
- "Ô Mon fils! Je ne connais absolument personne sur cette terre qui se trouvait encore à cheval sur notre discipline. Mais c'est bien le temps de l'avènement d'un Prophète qui va apparaître au territoire arabe. Il professera la religion d'Abraham et s'expatriera en émigration vers un terrain peuplé de palmiers, situé entre deux terres arides. Il sera reconnu à des signes incontestables : il mange du cadeau qu'on lui offre, ne touche jamais à ce qui est destiné à l'aumône et entre ses épaules, il y a le sceau de la prophétie. Tâchez vous donc de partir pour ce pays". Puis, il rendit le dernier soupir. Quant à moi, je demeurais pendant quelques temps à 'Amûriyya.
L’esclavagisme
Un jour, un groupe de marchands arabes issus de la tribu (Kalb) passait par 'Amûriyya, je leur proposai alors de m'emmener avec eux aux pays des Arabes, en échange de ma vache et de ma part du butin. Ils consentirent et moi de leur faire don de mes possessions. Une fois arrivés à Wâdî Al-Qura, ils me trahirent et me vendirent à un juif et j'entrai donc en son service. Peu après, l'un de ses cousins, issu des Banou Quraytha, ayant venu lui rendre visite, m'acheta et m'emmena avec lui à Yathrîb où je vis les palmeraies dont m'avait parlé mon compagnon de 'Amûriyya et je connus alors Médine -en me référant à la description déjà faite par ce dernier-. Je m'y installai donc en compagnie de mon maître.
A cette époque, le Prophète (paix et bénédiction sur lui) était en train de prêcher l'islam parmi ses compatriotes mecquois. Toutefois, je n'entendais rien de ses nouvelles, parce que j'étais tellement absorbé par mes charges d'esclave.
Quand le Prophète (paix et bénédiction sur lui) pénétra dans Yathrîb, je me trouvais en haut de l'un des palmiers de mon maître, en train d'y effectuer quelque besogne. Alors que mon maître était assis au pied duquel, l'un de ses cousins, vint lui dire : "Que Dieu fasse périr les Banou Qîla! Ils sont à Qîbâ', entourant un homme qui vient d'arriver aujourd'hui de La Mecque et qui prétend être un Prophète".
Aussitôt que ses paroles parvinrent à mes oreilles, je me sentis fiévreux et je fus tellement agité au point de craindre de perdre mon équilibre et de tomber sur mon maître. Je descendis donc du palmier, en disant à l'homme : "Qu'est-ce que vous êtes en train de dire. Veuillez me répéter cette nouvelle". Mon maître, pris d'un accès de colère, me donna un coup de poing en hurlant : "Pourquoi t'immisces tu dans ce qui ne te regarde pas ? Vas-y occupe toi de ton boulot".
Sur le soir, je pris quelques dattes de ce que j'avais cueillies et je me dirigeai vers le lieu où l'on donnait l'hospitalité au Prophète (paix et bénédiction sur lui). Je lui dis : "J'ai entendu dire que vous étiez un homme pieux et que vous aviez des compagnons étrangers et besogneux. Voilà quelque chose que je réservais pour en faire l'aumône. Je vois donc que vous le méritez". Après que je les leur donnai, il dit à ses compagnons : "Mangez!". Tandis qu'il s'abstint à y goûter. Je me dis : "Voici l'un des signes (de la prophétie)".
Je partis, ensuite, et me mis à ramasser quelques dattes. Quand le Prophète (paix et bénédiction sur lui) quitta Qibâ' et alla s'installer à Médine, je vins lui dire : "J'ai remarqué que vous ne goûtez pas à l'aumône, et vous voici un cadeau que je vous offre avec tout mon respect". Il en mangea et invita ses compagnons de le partager avec lui. Je me dis : "Voici le second (des signes de la prophétie)".
Je vins, un jour, trouver le Prophète (paix et bénédiction sur lui) pendant qu'il fut à Baqî' Al-Gharqad en train d'enterrer l'un de ses compagnons. Je le vis assis, étant vêtu d'une pèlerine. Je le saluai, puis je retournai pour regarder son dos, en essayant de voir le sceau déjà décrit par mon compagnon de 'Amûriyya. Quand le Prophète (paix et bénédiction sur lui) m'aperçut en train de fixer son dos, il comprit mon intention. Sur ce, il ôta sa pèlerine en me dénudant son dos. Aussitôt que j'eus connu le sceau de la prophétie, je me jetai sur lui en l'embrassant tout en pleurant. Le Prophète (paix et bénédiction sur lui) dit alors : "Qu'est-ce que vous prend donc?!". Je me mis à lui raconter mon histoire qu'il admira. Il m'ordonna avec joie de la répéter par moi-même à ses compagnons qui s'en étonnèrent et s'en réjouirent.
L’homme libre
Salmân fût très occupé à servir son maître au point de ne pas pouvoir assister aux batailles de Badr et Uhud. A ce moment là le prophète Muhammad (SAWS) lui demanda de contractualiser son affranchissement avec son maître.
Salmân raconte : J’ai donc promis à mon maître de lui faire vivre 300 pousses de palmier en plus de 40 onces comme prix pour mon affranchissement.
Le prophète SAWS demanda a ses compagnons: “Aidez votre frère”
Salmân: Ils se mirent tous à m’aider, l’homme par 30 pousses, l’autre par 20, un autre par 15, jusqu’à rassembler les 300 nécessaires. Puis le messager d’Allah (SAWS) me demanda: “Va creuser les 300 trous de plantation, et quand t’aura fini vient me voir pour que je les plante de mes propres mains”.
Avec l’aide des compagnons, nous creusâmes les 300 trous puis je le prévint et il m’accompagna au champs. On lui approcha les pousses, et lui les planta de ses mains bénites. Par celui qui détient ma vie, tous les pousses survécurent sans exception !
J’ai donc payé une partie de mon affranchissement (Les palmiers) il resta l’argent.
Puis le prophète Muhammad (SAWS) m’amena un œuf en or de la taille d’un œuf de poule, un butin d’une bataille. Il me demanda d’aller payer avec le reste de mon affranchissement.
Je dit: Et que vaut un petit œuf de ce que je dois payer (en pensant que ce n’est pas suffisant), le prophète me répond: “Prend la, Allah exalté soit-il remboursera ta dette avec cet œuf” .
J’ai donc été voir mon maître, on a pesé l’œuf qui faisait plus de 40 onces, et je me suis libéré de l’esclavagisme, et je suis redevenu un homme libre.
J’ai connu avec le prophète Muhammad (SAWS) la bataille du Fossé (Al-Khandaq ou Al-Ahzâb) et toutes les autres batailles de son vivant.
Fin du récit. Rapporté par Imam Ahmad 441/5 (24138), par Ibn Sa’d, par At-Tabarâni, par Ibn Hichâm, et d’autres
La bataille du fossé
On a rapporté que Salmân Al-Fârissi est celui qui a proposé de creuser la tranchée devant les envahisseurs pour les empêcher de pénétrer la ville.
La manœuvre consistait à creuser une tranchée 10 mètres de profondeur et 10 mètres de largeur devant le point d’entrée ouvert face au coalisés.
Médine était naturellement protégée par des montagnes à l’est et à l’ouest, et protégée par le fort de la tribu juive Banou Quraydha alliée des musulmans côté sud est.
Les musulmans faible en nombre face aux coalisés, ont décidé de suivre la proposition et de creuser une tranchée au nord de la ville pour empêcher la cavalerie d’atteindre la ville les forçant à échanger des tirs de flèches et de lances de longues distance.
Cette stratégie était très efficace puisque elle a pu complétement annuler la supériorité numériques des envahisseurs les poussant à assiéger la ville pendant 3 semaines sans succès et les poussant à abandonner et rebrousser chemin.
C’était une des batailles mémorables de l’Islam. Le nom de cette bataille est toujours lié à Salmân Al-Fârissi malgré le doute qui réside dans le fait que l’idée émane de lui.
Sa personnalité
Le savoir
Salmân était connu et reconnu pour son savoir, dans sa quête de vérité, il a connu 3 religions, et a côtoyé des imminent savants chrétiens. Ce qui lui a permis d’être le plus savant des compagnons des subtilités des anciens livres sacrés.
Quand on a posé la question à Ali Ibn Abi-Tâlib, il a dit de lui : “Il a la ressemblance (intellectuel) de Luqman le Sage ? Il est l'un de nous et pour nous, Ahl al-Bayt, qui a saisi le premier savoir et la dernier savoir, une mer qui ne s’épuise jamais.” Rapport par Ibn Sa’d et Adhahabî
Il a rapporté des Hadîths du prophète Muhammad (SAWS), 4 sont dans Sahîh Al-Bukhâri, 3 dans Sahîh Muslim et 60 dans Musnad de Baqiy.
La modestie, humilité et ascétisme
Salmân aimait gagner sa vie en travaillant de ses propres mains.
Il a assumé la direction de la ville Iraquienne Al-Mada-in et avait l’habitude de donner tout son argent comme aumône.
Il n'avait qu'un seul manteau dont il portait la moitié et s'asseyait dessus quand il prêchait aux gens.
Il avait l'habitude d'acheter de la viande et du poisson et d'inviter les malades à partager sa nourriture avec lui.
Il n’avait pas de demeure, il vivait sous l’ombre des arbres. Il ne voulait pas s’attacher à la vie d’ici bas. Même quand on lui construit une maison, elle était très petite et très simple.
Le prophète Muhammad (SAWS) avait dit : “Le paradis aspire à trois : Ali, Ammar et Salman.” Rapporté par At-Tirmidhî - Hadith Bien (Hassan)
Sa vie
En l’absence de traces historiques fiables mentionnant son année de naissance, ni la durée qu’il a passé à traquer la vérité, les historiens ont divergé sur combien d’années a-t-il vécu.
Il y en a ceux qui ont dit qu’il a vécu 350 ans, d’autres 250 ans, mais Al-Imam Adhahabî a estimé sa vie à 80 ans après études des évènements qu’il a vécu.
Al-Imam Ibn Hajar quant à lui n’a pas exclus le fait qu’il ait vécu 350 ans tout en se portant bien, une histoire hors du commun pour un homme hors du commun.
Sa mort est estimé entre an 33 et 36 après la Hijra.
Salmân Al-Farissî a passé sa vie à la recherche de la vérité, à la recherche de la vrai religion
Il est passé du rand du fils du chef de la ville à un moine à un esclave au rang d’un des compagnons les plus proche du prophète Muhammad (SAWS)
A cause de sa situation d’esclave, il n’a pas pu assister aux batailles de Badr et Uhud
On dit qu’il était derrière la stratégie du fossé qui a fait gagné les musulmans pendant la bataille des Coalisés (Du fossé ou de la tranchée)
Il était reconnu pour son savoir, Il était une mer inépuisable de connaissance (dixit Ali Ibn Abi-Tâlib)
Il était connu pour son ascétisme, son modestie et son humilité.