La mort du prophète Muhammad ﷺ : Le dernier jour de la lumière sur Terre
La mort du Prophète Muhammad ﷺ marque un moment de tristesse insondable pour l’Islam. Ce jour-là, le cœur de la communauté se brisa, et le monde entier sembla s’assombrir. Ce récit, empreint de douleur et de foi, nous ramène aux derniers instants de la vie du Prophète ﷺ, éclairant son courage face à la mort et l’épreuve de sa succession pour la communauté.
Une Fin Annoncée
Dans Sa miséricorde infinie, Allah ﷻ, tout en élevant le Prophète Muhammad ﷺ au rang de guide pour l’humanité, prépara les croyants à l’inévitable séparation. La mort de celui qui était leur phare, leur guide et leur modèle représentait une épreuve immense, mais des versets du Coran et des hadiths prophétiques avaient progressivement planté les graines de cette préparation. Ces révélations rappelaient non seulement la nature éphémère de ce monde, mais aussi l’éternité de la foi en Allah ﷻ.
L’universalité de la mort
Allah ﷻ, dans le verset 30 de Sourate Az-Zumar, adressa un rappel solennel au Prophète ﷺ et à la communauté entière sur l’inéluctabilité de la mort :
{ En vérité tu mourras et ils mourront eux aussi; }Sourate Az-Zumar - Verset 30
Ces mots directs et simples résonnent avec une profondeur infinie, rappelant au Prophète ﷺ et aux croyants que la mort ne fait aucune distinction, qu’elle atteint prophètes et fidèles, chefs et serviteurs. Ce verset confronta la communauté à une réalité difficile à admettre : même le Prophète ﷺ, le plus aimé d’Allah ﷻ, n’était pas exempté de cette fin terrestre. À travers ce verset, Allah ﷻ préparait doucement les musulmans à accepter cette épreuve, tout en affirmant que la mission prophétique s’étendait au-delà de la vie de Muhammad ﷺ.
Allah ﷻ avait également établi dans le verset 34 de Sourate Al-Anbiya que nul être humain, fût-il prophète, ne pourrait échapper à la mort :
{ Et Nous n’avons attribué l’immortalité à nul homme avant toi. Est-ce que si tu meurs, toi, ils seront, eux, éternels? }Sourate Al-Anbiya - Verset 34
Par cette révélation, Allah ﷻ affirmait que la mortalité est un destin partagé par tous. Le verset interpellait le Prophète ﷺ lui-même ainsi que les croyants, leur rappelant qu’il n’existe pas d’exception à cette règle divine. Les prophètes, malgré leur statut élevé et leur proximité avec Allah ﷻ, sont des hommes comme les autres, soumis aux mêmes lois du divin. Ce rappel exhortait la communauté à voir au-delà de la figure humaine du Prophète ﷺ et à s’ancrer solidement dans la foi en Allah ﷻ, seule permanence éternelle.
La réalité de la mission prophétique
Dans le verset 144 de Sourate Al-Imran, Allah ﷻ répondit à une préoccupation fondamentale des croyants en affirmant la continuité de la mission prophétique, indépendamment de la présence physique du Prophète ﷺ :
{ Muḥammad n’est qu’un messager - des messagers avant lui sont passés -. S’il mourait, donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons? […] }Sourate Al-Imran - Verset 144
Ce verset, révélé bien avant la mort du Prophète ﷺ, annonçait la fragilité de la condition humaine, même pour les prophètes. En énonçant que Muhammad ﷺ n’était qu’un maillon d’une longue lignée de messagers, Allah ﷻ rappelait aux croyants que leur attachement devait se tourner vers la foi elle-même, non vers la personne qui la portait. Ces mots furent également un avertissement : le jour où le Prophète ﷺ quitterait ce monde, la foi des croyants serait mise à l’épreuve. Resteraient-ils fermes ou abandonneraient-ils la mission ?
Ce verset résonna de manière bouleversante à l’annonce de la mort du Prophète ﷺ. Abu Bakr, en le récitant aux compagnons, leur rappela l’importance de cette parole divine, permettant à la communauté de prendre conscience que l’Islam continuerait, même en l’absence de son Prophète ﷺ.
L’achèvement de la mission prophétique
Enfin, le verset 3 de Sourate Al-Ma’ida acheva la mission prophétique de Muhammad ﷺ en annonçant la perfection de la religion :
{ […] Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous. […] }Sourate Al-Ma’ida - Verset 3
Ce verset révéla que la mission du Prophète ﷺ avait accompli sa tâche : l’Islam était complet, et le message divin était désormais scellé. Ce fut une confirmation pour les croyants que, même en l’absence physique de leur guide, ils possédaient un message complet, un héritage divin suffisant pour les guider jusqu’au Jour du Jugement. Ce parachèvement symbolisait la continuité et l’autosuffisance de l’Islam, préparant la communauté à poursuivre sur ce chemin, sans leur Prophète ﷺ, mais avec les enseignements complets et parfaits d’Allah ﷻ.
Une préparation de la suite
Le Prophète ﷺ, conscient de sa mission et guidé par la révélation, énonça plusieurs hadiths qui préparaient ses compagnons à sa fin prochaine. Lors du Pèlerinage d’Adieu, il rappela à la foule nombreuse : “ Ô peuple ! Écoutez mes paroles, car je ne sais pas si je serai encore avec vous l’année prochaine ”Rapporté par Muslim, n° 1297. Ces paroles faisaient écho aux révélations divines, annonçant subtilement aux croyants qu’ils devaient se préparer à assumer leur foi sans lui.
Fatima (qu’Allah l’agréé) savait tout
Parmi les moments les plus émouvants de la fin de vie du Prophète Muhammad ﷺ, se trouve l’instant où il confia un secret à sa fille bien-aimée, Fatima. Ce dernier échange intime révèle à la fois la profondeur de leur relation et la tendre préparation du Prophète ﷺ pour l’inévitable séparation. Fatima, qui avait toujours été proche de son père, perçut avec une douleur silencieuse le déclin de la santé du Prophète ﷺ.
Un jour, alors que le Prophète ﷺ était alité, il appela Fatima auprès de lui et lui murmura quelque chose à l’oreille. À ce moment, Fatima éclata en sanglots, bouleversée par les mots de son père. Le Prophète ﷺ, voyant la tristesse de sa fille, la rappela une seconde fois et lui murmura à nouveau quelque chose. Cette fois, Fatima se mit à sourire à travers ses larmes.
Plus tard, après la mort du Prophète ﷺ, Aïcha lui demanda ce que son père lui avait confié lors de cet instant particulier. Fatima révéla alors :
“ La première fois, il m’a dit qu’il allait bientôt quitter ce monde, et c’est pour cela que j’ai pleuré. Puis, il m’a dit que je serais la première de sa famille à le rejoindre, et alors j’ai souri. ”Rapporté par Muslim, n° 2450.
Dans une autre version de ce Hadith, elle a dit : “ Lorsqu'il m'a parlé en secret la première fois, il a dit que Jibril avait l'habitude de réviser le Coran avec lui une fois par an. Il ajouta : « Mais cette année, il l'a révisé avec moi deux fois, et donc je pense que l'heure de ma mort est proche. Alors, craignez Allah et soyez patients, car je partirai avant toi »”. Fatima ajouta : “J’ai donc pleuré comme tu l'as vu. Et quand le Prophète (ﷺ) m'a vu dans cet état de tristesse, il m'a confié le deuxième secret en disant : "Ô Fatima ! Ne seras-tu pas heureuse d'être la cheffe de toutes les femmes croyantes (ou la cheffe des femmes de cette nation, c'est-à-dire mes disciples ? ”Rapporté par Al-Bukhâri, n°6285
Le testament ULTIME
Enfin, il laissa à ses compagnons un testament inestimable, en leur disant : “Je vous laisse deux choses, et tant que vous vous y accrocherez, vous ne vous égarerez jamais : le Livre d’Allah et ma Sunna ””Rapporté par Al-Hakim, n° 318. Ce message final fut la clé de la continuité. Il exhortait les croyants à voir au-delà de sa présence et à s’ancrer dans le Coran et la Sunna, affirmant que la guidance divine continuerait à leur offrir un chemin même en son absence.
Ces versets et hadiths tracèrent une voie claire pour la communauté, les préparant à affronter la plus grande épreuve de leur foi. Ils comprirent que la mission prophétique ne mourrait pas avec Muhammad ﷺ, mais continuerait à vivre à travers le Coran, la Sunna, et leur engagement inébranlable envers Allah ﷻ. La mort du Prophète ﷺ, bien qu’infiniment douloureuse, devint ainsi un rappel que seule la foi est éternelle, et que leur lien avec Allah ﷻ les guiderait dans ce monde comme dans l’au-delà.
La fin…
Le dernier voyage : Le Hajj
Le Prophète Muhammad ﷺ, après une vie dédiée au service de l’Islam, sentit sa fin approcher. Des signes subtils se manifestèrent lorsqu’il prononça un discours bouleversant lors de son dernier pèlerinage, une « Rencontre d’Adieu » qui laissait entrevoir sa volonté de préparer la communauté à l’inévitable séparation.
Devant une assemblée innombrable au Mont Arafat, il dit : “ Ô peuple ! Peut-être que je ne vous reverrai plus après cette année en ce lieu.” Dans ces mots résonnait un au revoir voilé. Ce pèlerinage fut comme une bénédiction finale et un rappel puissant de l’attachement à la foi et à l’unité.
La dernière maladie : Un combat contre la douleur
Quelques semaines après son retour de La Mecque, le Prophète ﷺ tomba gravement malade. La fièvre s’empara de lui, et ses forces commencèrent à décliner. Cependant, malgré l’agonie, il restait fidèle à son devoir : tant qu’il pouvait se lever, il rejoignait la mosquée pour prier avec les fidèles. Chaque prière, chaque effort symbolisait un engagement indéfectible, un exemple pour sa communauté jusqu’au dernier souffle.
Lorsqu’il devint trop faible, il confia la tâche de diriger la prière à Abu Bakr. Les compagnons, affectés par sa maladie, voyaient en ce geste un signal, mais aucun d’eux n’osait penser à l’issue imminente. Ce jour-là, alors qu’Abu Bakr dirigeait la prière, le Prophète ﷺ émergea de sa chambre, et d’un regard, offrit un sourire empreint d’une paix infinie. C’était son adieu silencieux.Rapporté par Al-Bukhari 680 et Muslim 419
Les dernières paroles
Le lundi matin, le Prophète ﷺ ressentit que le moment était venu. Sa tête reposait contre la poitrine de sa bien-aimée Aïcha, et, dans un murmure presque imperceptible, il prononça ses derniers mots : “Ô Allah, dans la Compagnie Suprême.” Rapporté par Al-Bukhari 4463 et Muslim 2444.
Il venait de faire un choix que seul les prophètes ont le privilège de faire, celui de choisir entre la vie d’ici bas et celle en compagnie du d’Allah ﷻ. Car notre mère Aicha a rapporté que le prophète Muhammad ﷺ disait : “Aucune âme de prophète n'est capturée avant qu'on lui montre sa place au Paradis et qu'on lui donne le choix.” Rapporté par Al-Bukhari 4463 et Muslim 2444.
Avec cette invocation, Notre bien aimé prophète Muhammad ﷺ exprima son désir ardent de retrouver son Seigneur, abandonnant ce monde en paix. Son départ laissa un vide irréparable, plongeant Médine dans un deuil indescriptible.
Et maintenant ?
Le chagrin inconsolable des compagnons
À l’annonce de sa mort, Médine fut saisie de stupeur et d’une douleur insurmontable. Omar, ne pouvant accepter cette réalité, menaça ceux qui affirmaient que le Prophète ﷺ n’était plus parmi eux. Pour lui, comme pour beaucoup d’autres, il semblait impensable que leur guide, leur ami et leur bien-aimé Prophète ﷺ puisse les quitter.
C’est Abu Bakr, toujours serein, qui calma la foule et rappela les paroles d’Allah ﷻ : { Muhammad n’est qu’un messager - des messagers avant lui sont passés. S’il mourait donc ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? }Sourate Al-Imran - Verset 144. En prononçant ces mots, Abu Bakr redonna aux cœurs le courage d’accepter la volonté divine.
L’héritage prophétique
La mort du Prophète ﷺ ne signifiait pas la fin de sa mission. Au contraire, elle marquait un tournant, car les musulmans allaient devoir prendre en main leur destin et poursuivre son message. Le Prophète ﷺ leur avait légué deux trésors inestimables : le Coran et la Sunna. Ensemble, ils constituaient la voie à suivre pour chaque croyant, même en l’absence de leur guide bien-aimé.
La Vision de l’Unité
Le Prophète ﷺ avait semé les graines d’une communauté unie, transcendant les liens tribaux, bâtie sur la foi, la fraternité et la justice. Sa mort fut l’épreuve ultime pour cette fraternité, car elle allait tester leur engagement et leur solidarité. Les compagnons, désormais sans leur leader, comprirent l’importance de préserver cette unité, non par la force d’un homme, mais par la guidance divine.
La Succession : La Responsabilité de la Communauté
Face à la perte du Prophète ﷺ, les compagnons réalisèrent rapidement la nécessité de désigner un successeur pour guider la communauté. Abu Bakr, fidèle compagnon et proche confident du Prophète ﷺ, fut choisi pour assumer cette lourde responsabilité. Ce choix fut accepté avec respect, car les compagnons savaient que personne ne pourrait remplacer le Prophète ﷺ, mais qu’un leader était essentiel pour préserver la continuité de la foi.
Abu Bakr, en acceptant cette charge, déclara humblement : “Je ne suis pas le meilleur d’entre vous, mais je suivrai les enseignements du Prophète ﷺ autant que possible.” Ses paroles illustrèrent une humilité et une détermination à mener la communauté avec justice et foi, rappelant à tous que leur véritable guide demeurait Allah ﷻ.
La mort du Prophète ﷺ fut un moment de chagrin profond, mais aussi un moment de foi renouvelée. Les musulmans, confrontés à cette épreuve, purent se tourner vers le Coran et la Sunna, continuant le chemin tracé par leur Prophète ﷺ. Abu Bakr, à la tête de cette communauté en deuil, se montra digne de cette responsabilité, assurant la stabilité et la continuité de l’Islam.
Cet événement, aussi douloureux soit-il, renforça la résilience de l’Ummah, qui comprit que le message de l’Islam était éternel, transcendant les générations et survivant à la mort de son messager. En cet instant de douleur et de foi, l’Islam se fortifia pour devenir la lumière éternelle qu’Allah ﷻ avait promise à l’humanité.
La foi indéfectible en la volonté divine : La mort du Prophète ﷺ rappelle que tout, même la vie d’un Prophète, appartient à Allah ﷻ.
L’exemplarité de la résilience dans l’épreuve : Abu Bakr illustra le courage et la fidélité en restant ferme dans la foi malgré la perte de son ami.
L’importance de l’attachement aux paroles d’Allah ﷻ : Le verset cité par Abu Bakr apaise les cœurs, montrant que le Coran est une source de réconfort et de guidance.
Le courage dans la transmission du message : Le Prophète ﷺ persista dans sa mission malgré sa maladie, rappelant l’importance de la dévotion jusqu’au bout.
La grandeur de la fraternité islamique : La perte du Prophète ﷺ fit naître une profonde solidarité parmi les compagnons, qui surent se soutenir mutuellement.
La nécessité d’une succession pour préserver l’unité : La désignation d’Abu Bakr comme calife assure la continuité de la communauté et la stabilité de l’Islam.
La sagesse dans l’acceptation du destin : Accepter la volonté d’Allah ﷻ permet de surmonter les douleurs et de grandir spirituellement.
L’attachement aux valeurs de justice et de bienveillance : Abu Bakr, en tant que calife, incarna les principes du Prophète ﷺ, assurant une gouvernance pieuse et juste.
La leçon d’humilité face à la mort : Même les prophètes, bien-aimés d’Allah ﷻ, doivent quitter ce monde, rappelant la réalité de l’éphémère.
L’exemplarité de la Sunna comme héritage intemporel : Les enseignements et l’exemple du Prophète ﷺ continuent de guider la communauté, même en son absence.